Archives Mensuelles: février 2013

Violences Basées sur le Genre : l’Observatoire de l’OFACI publie ses résultats

Namizata Sangaré Présidente de l’OFACI

Namizata Sangaré Présidente de l’OFACI

« Le 07 décembre 2013 à 18 h, A.A.E 4 ans et élève en classe de maternelle à Abengourou est en vacances à Kocoumbo. Elle a été victime d’abus sexuel de la part de Y.K.G, se disant orpailleur depuis 6 mois. Le même jour, le mis en cause a été conduit à la Gendarmerie de Djékanou. A la suite de son procès, il a été condamné à 5 ans de prison et à 100.000 f d’amende ! » A l’image de ce cas de viol, de nombreux cas de violences faites aux femmes ont été rapporté aux enquêteurs de l’Observatoire de l’OFACI (Organisation des Femmes Actives de Côte d’Ivoire). Cet observatoire mis sur pied par l’OFACI depuis 2010 était face à la presse ce 22 février pour livrer les résultats de ses enquêtes. La conférence de presse donnée à cet effet a eu lieu au siège de l’OFACI sis à Adjamé 220 logements. L’observatoire de l’OFACI est né suite aux nombreuses sollicitations dont l’organisation faisait l’objet de la part des femmes. Celles-ci constamment victimes de violences de tout genre avaient recours à l’OFACI pour trouver un peu de réconfort et des conseils. L’ampleur et la multiplicité des violences que l’OFACI enregistrait l’a amené à mettre sur pied un Observatoire. Celui-ci a été conçu pour atteindre deux objectifs : documenter efficacement les différentes formes de violences faites aux femmes et fournir les informations utiles pour la mise en œuvre des stratégies de lutte contre les Violences Basées sur le Genre (VBG). Pour atteindre ses objectifs, l’observatoire se fonde sur trois sources de documentation :

1 – la cellule d’écoute et d’orientation

2 – les rapports des sections OFACI à travers le pays

3 – les allégations de violation des droits de la femme relayée par voie de presse

Ces méthodes ont donné un résultat très encourageant dans un contexte national encore marqué par de nombreuses violations des droits de la femme. Lors de son propos liminaire, Mme SANGARE Namizata, Présidente de l’OFACI a indiqué que l’Observatoire a documenté 252 cas de violation des droits de la femme qui sont des violations des chartes et conventions internationales dont la Côte d’Ivoire est signataire. Les enquêtes sur les violences à l’égard des femmes ont été menées dans 29 localités du pays et sont réparties comme suit : 02 cas de mariages forcés, 177 cas de violences sexuelles, 30 cas de mutilations génitales, 08 cas de violences conjugales et 32 cas de violences physique. Le constat général qui se dégage c’est que les violences sexuelles constituent la majorité des VBG avec un taux de 70,23%. Concernant les 32 cas de violences physiques, 15 ont conduit au décès des victimes ! « Nous pensons que trop c’est trop ! Nous avons fait pendant longtemps de la sensibilisation, il est temps de passer à l’action par l’application stricte des textes de lois Ivoiriens et ceux ratifiés au plan international par notre pays » estime Mme SANGARE qui soutient que « malgré les efforts consentis par le Gouvernement Ivoirien à travers la ratification des textes internationaux en l’occurrence la CEDEF, le protocole à la charte Africaine des Droits de l’Homme relatifs aux droits des femmes de Maputo, les VBG persistent ». Il faut agir de telle sorte que les coupables puissent répondre de leurs actes devant les juridictions compétentes et que les victimes puissent bénéficier de réparation. Voici pourquoi à la suite du rapport de son Observatoire, l’OFACI fait d’importante recommandation. Elle invite entre autre l’Etat Ivoirien à renforcer les procédures pénales en matière de lutte contre le VBG, à pénaliser l’exposition d’images dégradantes de la femme dans les lieux publiques, renforcer les capacités du Centre National de Lutte contre les violences faites aux femmes et faciliter l’accès des femmes à la justice. L’OFACI interpelle également les Médecins, les agents des Forces de l’Ordre et les Professionnels des Médias à traiter avec plus de sérieux les cas de violence faites aux femmes qui leur sont rapportés.

L’OFACI à travers la publication des résultats de son observatoire s’inscrit déjà dans le tempo de deux évènements majeurs pour la défense des droits de la femme à travers le monde. Il s’agit de la journée internationale de la femme du 08 mars avec pour thème « Une promesse est une promesse, il est temps de passer à l’action pour mettre fin à la violence à l’égard des femmes » et la 57ème session de la Commission de la Condition de la Femme qui aura pour thème central, la prévention et l’élimination de toutes les formes de violences à l’égard des femmes et des filles.

SUY Kahofi

Lancement de l’African Women Entrepreneurship Program pour la Côte d’Ivoire

AWEP veut aider les femmes ivoiriennes à s’émanciper

AWEP veut aider les femmes ivoiriennes à s’émanciper

Ce jeudi 24 février, l’Ambassade des Etats Unis à Abidjan sis à la Riviera Golf a servit de cadre à la cérémonie de lancement du Programme African Women Entrepreneurship (AWEP) pour la Côte d’Ivoire. L’AWEP est une initiative du département d’Etat américain, lancée en juillet 2010 afin d’identifier et de construire des réseaux de femmes entrepreneurs de l’Afrique subsaharienne. Initié dans le cadre du programme des Visiteurs Internationaux, l’AWEP a permet aux femmes de partager leurs expériences, de discuter les défis communs et les facteurs qui mènent à la croissance économique à long terme. Grâce au programme des Visiteurs Internationaux, une cinquantaine de femmes ivoiriennes ont pu, à ce jour, participer à des programmes aux Etats-Unis sur le thème : « Femme et l’Entrepreneuriat« ,  dont l’AWEP. L’AWEP-Côte d’Ivoire a pour objectif d’encourager les femmes entrepreneures enfin qu’elles puissent à leur tour aider à améliorer l’économie du pays et apporter le bien-être à la population.

La cérémonie de lancement du programme a été présidée par l’Ambassadeur des Etats-Unis, S.E.M. Phillip Carter III en présence d’un représentant de la Marraine, Mme Nialé Kaba, Ministre auprès du Premier Ministre chargé de l’Economie et des Finances. Sur le bienfondé de l’AWEP le diplomate américain a souligné que « le gouvernement des Etats-Unis est engagé à créer des opportunités pour les femmes, parce ce que nous savons que les femmes détiennent la clé du développement économique en Afrique. J’espère que l’engagement fort du gouvernement des USA à l’AWEP ira de pair avec celui du gouvernement ivoirien par le financement de sessions de formation, de centres des affaires et d’autres activités en faveur des femmes ivoiriennes ». La présidente de l’AWEP-CI, Massogbè Touré, a indiqué que « les femmes entrepreneurs de Côte d’Ivoire s’engagent à participer au développement du pays en partageant la vision du chef de l’Etat, Alassane Ouattara, qui accorde une place à la femme dans le leadership ». Le succès sera donc au bout de l’effort de toutes les compétences réunies pour une meilleure émancipation économique de la gente féminine. Patrick Drissa Yao le représentant du ministre en charge de l’Economie et des Finances, a traduit les remerciements du Gouvernement Ivoirien à l’Etat Américain pour son appui aux femmes engagées dans l’entrepreneuriat. Il a exhorté les femmes à conjuguer leurs efforts pour la croissance économique de leur pays. La cérémonie sera également marquée par une exposition-vente de produits fabriqués par les femmes.

SUY Kahofi

La Journée internationale de la Femme placée sous le signe de l’arrêt des violences faites les femmes

Les femmes Ivoiriennes célèbre déjà le 8 mars

Les femmes Ivoiriennes célèbre déjà le 8 mars

Le lancement des festivités marquant la célébration de la 36ème édition de la Journée Internationale de la Femme a eu lieu en Côte d’Ivoire ce 20 février à l’esplanade du Palais de la culture de Treichville. Célébrée le 8 mars de chaque année, la journée internationale de la Femme est le moment choisi par la Communauté Internationale pour faire la rétrospective des acquis dans la lutte pour l’émancipation des femmes. « Hommes et Femmes, ensemble pour une Côte d’Ivoire nouvelle et réconciliée« , est le thème national de cette journée qui sera célébrée officiellement en Côte d’Ivoire ce 21 mars à Touba. Elle sera l’occasion de faire le bilan de la situation de la femme en Côte d’Ivoire. Une situation peu reluisante avec la féminisation du VHI/SIDA, la pauvreté et le taux de mortalité maternelle toujours élevé. La Côte d’Ivoire donne donc le ton de cette fête de la femme à travers cette célébration du 20 février.

La Première Dame Ivoirienne, Mme Dominique Ouattara s’est personnellement impliquée dans l’organisation de ces festivités marquées par la présentation du pagne officiel du 8 mars. Les mannequins de la styliste Memel ont été les premières à parader avec ce pagne puis elles ont été suivies par les femmes membres des différents ministères et des institutions. Ce pagne à dominante orange, blanc et verts (couleurs nationales ivoiriennes) avec des motifs de palmier symbole de paix retrouvée en Côte d’Ivoire a expliqué le ministre de la solidarité, de la famille, de la femme et de l’enfant, Mme Anne Ouloto. Juste après ce premier défilé, les femmes ministres et membres d’institution se sont tour à tour élancées sur le T. Les ministres Anne Désirée Ouloto, Kandia Camara, Affoussiata Bamba Lamine, Roger Kacou, Jean-Claude Brou, l’honorable Sarah Sacko, vice-présidente de l’Assemblée nationale, l’honorable Amy Toungara, la ministre Jean Peuhmond ont retrouvé la fraîcheur de leurs 18 hivernages le temps d’une parade ! Le lancement des festivités marquant la célébration de la 36ème édition de la Journée Internationale de la Femme a été marqué également par le discours de Mme Anne Ouloto. Elle a exprimé sa gratitude à la Première Dame qui a accepté de s’engager dans la lutte pour la promotion de la femme. Expliquant son engagement, Mme Ouattara a tout simplement salué le combat inlassable des femmes. La célébration du 08 mars, a-t-elle indiqué, permet de célébrer les victoires obtenues par les femmes, parfois au prix de grands sacrifices. C’est pourquoi elle a saisi cette occasion pour faire un plaidoyer sur les violences faites aux femmes. « Que ce soit dans la communauté, au sein du couple, dans la cellule familiale ou dans les établissements scolaires, les femmes subissent des violences injustes et intolérables, quel que soit leur âge et leur milieu social », a-t-elle déploré. Quatre millions de femmes et de fillettes dans le monde, a-t-elle indiqué, sont vendues pour le mariage, la prostitution ou l’esclavage. Une situation encore préoccupante dans les pays en crise ou post-crise comme la Côte d ‘Ivoire. Ces violences, selon la Première Dame, constituent une violation grave des droits humains. « Au-delà des conséquence graves sur la santé, les violences sexuelles détruisent les perspectives d’avenir de nos jeunes filles qui doivent faire face aux grossesses non désirées. J’exhorte solennellement les parents d’élèves et les enseignants à protéger nos enfants contre ce mal qui prend de l’ampleur dans notre pays », a plaidé Mme Dominique Ouattara.

QUEEN Yelnamidjo A.

Le Couteau brûlant : un brulot contre l’excision !

Le Couteau brûlant

Le Couteau brûlant

Hamitraoré, la romancière Ivoirienne vient de mettre sur le marché une œuvre de très belle facture publiée chez Frat-Mat Edition. A travers cette œuvre, l’auteur dévoile la face hideuse de l’excision un fléau qui, malgré les nombreuses campagnes de sensibilisation, ne cesse de se rependre dans les villes et les hameaux les plus reculés de la Côte d’Ivoire. Pour Hamitraoré qui a été elle-même victime de l’excision, il s’agit à travers chaque page de cet ouvrage « d’apporter une touche particulière à l’éradication totale de cette pratique que je considère comme une atteinte à l’honneur et à l’intégrité de la femme ». Au centre de l’ouvrage une interrogation qui s’adresse à chaque Ivoirien : pourquoi cette pratique abominable continue-t-elle de maintenir certaines communautés sous son fardeau malgré l’évolution des mentalités ? Pour l’auteur, l’excision n’a plus de raison d’être. Il suffit de jeter un regard sur les effets nocifs de la pratique sur la santé de la femme pour en être totalement convaincu. L’œuvre d’Hamitraoré trouvera sans doute un écho favorable auprès des Ivoiriens car l’excision est de nouveau à « la mode ». Ainsi l’Organisation Nationale pour l’Enfant, la Femme et la Famille (ONEF), estime que 42 % de femmes sont excisée en Côte d’Ivoire. Ce chiffre selon l’organisation ne reflète pas les réalités du fléau parce qu’il ne prend pas en compte les enfants âgés de 1 à 14 ans. 42 % est le chiffre à l’échelle nationale mais il excède par endroit. Ainsi la zone de  Danané (ouest-ivoirien) plafonne à 45 %, 88 % au nord, 85 % au nord-ouest, 75% à l’Ouest et 34 % à Abidjan en milieu communautaire. Hamitraoré dénonce par ailleurs la vente du clitoris une fois sectionné et séché. L’auteur nous apprend que le clitoris séché est utilisé à des fins aphrodisiaques au profit des hommes.

L’œuvre

Hamitraoré nous plonge dans l’univers d’une jeune lycéenne victime de l’excision. A la faveur d’un devoir de classe portant sur ce thème, Safiatou, le personnage principale du livre, se retrouve à son corps défendant, aux prises avec son passé. Dans un flash-back, le narrateur nous fait vivre cet épisode douloureux de sa vie où elle a fait connaissance avec « Le couteau brûlant« . Loin de la ville, dans un village piégé par la tradition, elle va être victime de l’excision. Elle rédige le devoir, au risque de revivre ce passé douloureux et de se dévoiler comme une « amputée ». Hamitraoré fait donc découvrir à travers l’histoire de cette jeune lycéenne, l’ampleur du drame de l’excision et de l’excisée avec ses effets abominables que sont la frigidité, la psychose de l’acte sexuel, la stérilité, la fistule vésico-vaginale voir la mort. Extrait : « Nan Safi, tu sais que depuis des générations, toute jeune fille digne de ce nom doit se faire exciser. Tant que tu n’es pas excisée, tu ne peux pas t’intégrer dans la communauté. Tu seras l’objet de railleries de la part de tes camarades. Et le plus grave, c’est qu’aucun homme ne te demandera en mariage. Au-delà de ta personne, c’est la famille qui sera honorée le jour de ta sortie… pense aussi à moi, je n’oserai plus regarder les gens du village en face si tu persistes dans ton refus. On m’écartera de toutes les décisions concernant le village. Je t’en supplie, ne jette pas la honte et l’humiliation sur notre famille » Le Couteau brûlant Page 22. Cet extrait de l’œuvre est généralement le plaidoyer farfelus que certains parents, adeptes de l’excision utilisent pour appâter leurs victimes qui ne sont autres que leurs propres filles. L’auteur ne botte pas en touche pour démonter cet argument sur près de 70 pages !

SUY Kahofi