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Le Nobel de la paix 2011 honore deux femmes africaines

Ellen Johnson-Sirleaf, la présidente du Libéria et Nobel de la Paix 2011

Le prix Nobel de la paix a été décerné vendredi à Ellen Johnson-Sirleaf, la présidente du Libéria qui brigue mardi un deuxième mandat, à sa compatriote Leymah Gbowee. Elles partagent le prix avec la Yéménite Tawakkul Karman, militante des droits des femmes et de la liberté de la presse. Les deux libériennes et la Yéménite sont récompensées pour leur combat pour la paix et les droits des femmes dans le monde.

Ellen Johnson-Sirleaf, première femme à avoir été élue présidente d’un Etat africain, a déclaré que ce prix constituait un hommage « aux nombreuses années de lutte pour la justice, la paix et le développement ». La présidente du Liberia, âgée de 72 ans, ancien haut cadre de la Banque mondiale et de la CityBank, s’était fait remarquer par sa détermination et son courage à s’opposer au chef de guerre Charles Taylor lors de l’élection présidentielle de 1997 qu’elle perdit. Encensée par la communauté internationale pour avoir réconcilié un pays meurtri et ravagé, elle est critiquée à l’intérieur pour la lenteur des réformes, des infrastructures de reconstruction et de la lutte contre la corruption au sein des sphères du pouvoir. « Nous l’acceptons au nom du peuple libérien, à qui revient tout le crédit », a-t-elle confié à la presse devant son domicile privé de Monrovia. Cette récompense intervient quatre jours avant une élection présidentielle dont l’issue est incertaine. La présidente sortante candidate à sa propre réélection affronte dans un climat tendu Winston Tubman, chef de l’opposition, ainsi que l’ancien chef rebelle Prince Johnson.

Après l’annonce du Nobel, les protestations les plus virulentes sont venues de son principal rival à la présidentielle de mardi Winston Tubman. Le dirigeant du Congrès pour le changement démocratique (CDC) joint par l’AFP, s’est indigné de cette désignation. « Mme Sirleaf ne mérite pas un prix Nobel de la paix, parce qu’elle a commis de la violence dans ce pays. Ce prix est inacceptable et non mérité ». Le président du comité Nobel norvégien a écarté l’idée selon laquelle la récompense serait une ingérence dans la campagne électorale au Liberia. Ce sera la deuxième élection présidentielle organisée dans le pays après la fin, en 2003, de 14 ans d’une guerre civile très cruelle qui a fait plus de 200.000 morts et mis à genoux une économie basée sur le bois, le minerai de fer et les diamants. Sa compatriote Leymah Gbowee est récompensée pour son travail de mobilisation et d’organisation des femmes de toutes ethnies et de toutes religions pour mettre fin à la guerre civile qui a déchiré le Liberia dans les années 1990 et garantir la participation des femmes aux élections. Agée de 39 ans, elle avait fait parler d’elle en prenant la tête d’une « grève du sexe » des Libériennes pour tenter de faire taire les armes dans son pays. Depuis sa création en 1901, seules 15 femmes ont reçu le prix Nobel de la paix.

SUY Kahofi